Israël rejoint officiellement le programme d’exemption de visa des États-Unis

Les États-Unis ont annoncé mercredi intégrer Israël à leur programme d’exemption de visa, se disant satisfaits de ses efforts pour faciliter les déplacements des Palestino-Américains, un geste envers l’État hébreu critiqué tant par des élus démocrates que des organisations pro-Palestiniens.

D’ici la fin novembre, les Israéliens souhaitant se rendre aux États-Unis pour de courts séjours pourront le faire sans visa. En sens inverse, Israël s’est engagé à ce que tous les ressortissants des États-Unis voyageant avec un passeport américain valide soient reconnus comme tels et bénéficient d’un traitement égal sans distinction de race, de religion ou d’origine.

L’annonce américaine intervient après un accord de réciprocité sur les exemptions de visa conclu en juillet entre les États-Unis et Israël, et à l’issue d’une période « réussie » de mise à l’essai de plusieurs mois. Elle marque « une étape essentielle en faveur de notre partenariat stratégique avec Israël », a salué le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken.

Il a noté qu’elle permettra une plus grande « liberté de mouvement aux citoyens américains, notamment ceux vivant dans les territoires palestiniens, ou en étant en partance ou en destination ». Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou s’en est aussitôt félicité, exprimant sa « profonde gratitude au président Joe Biden ». Israël négociait depuis des années son adhésion à ce programme qui bénéficie aux ressortissants de 40 pays ainsi exemptés de visas d’entrée pour des séjours courts (90 jours) de loisirs ou d’affaires.

« Une récompense accordée à l’Israël »

La décision intervient « après des années d’efforts pour s’assurer qu’Israël adhère aux obligations strictes liées à ce programme d’exemption de visa » et « n’a pas été prise pour faire une faveur à Israël », ont assuré deux responsables américains en amont de l’annonce officielle.

Celle-ci intervient quelques jours après la rencontre, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU à New York, du président américain et du Premier ministre israélien, et alors que Washington redouble d’efforts pour sceller un rapprochement historique entre Israël et l’Arabie saoudite. Et ce malgré des relations tendues entre les deux dirigeants à propos de la réforme du système judiciaire israélien jugée « anti-démocratique » par Washington, et de la poursuite de la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens.

« La décision américaine semble être une récompense accordée à Israël », a réagi le ministre palestinien des Affaires sociales Ahmed Majdalani, estimant que « cela confirme que l’Amérique se tient tout le temps du côté d’Israël ». Le ministère palestinien des Affaires étrangères a appelé le gouvernement américain « à mettre en place les mêmes procédures pour les citoyens palestiniens, conformément à ses engagements ». Une dizaine d’élus démocrates, pourtant alliés au président Biden, ont pour leur part déploré une décision prise sans la garantie absolue d’une égalité de traitement de tous les citoyens américains.

Une plainte contre le gouvernement américain

Le traitement des Palestino-Américains constituait la principale pierre d’achoppement. Jusqu’à présent, les Palestiniens possédant la nationalité américaine ne pouvaient pas entrer en Israël sans visa lorsqu’ils transitaient par l’aéroport international Ben Gourion, près de Tel-Aviv, et étaient contraints de passer par la Jordanie limitrophe. Pendant la période d’essai, « des dizaines de milliers de Palestino-Américains », ont pu entrer en Israël sans visa et se rendre directement en Cisjordanie, ont souligné les responsables américains.

Dès avant l’annonce officielle, la Commission contre la discrimination contre les Arabes-Américains (ADC) a dit mardi avoir déposé une plainte contre le gouvernement américain, assurant dans un communiqué qu’en intégrant Israël à ce programme, les États-Unis « soutiennent explicitement des pratiques discriminatoires d’Israël envers les Palestiniens, y compris des citoyens américains, en violation de ses propres lois ».

Dans de récents entretiens, une vingtaine de Palestino-Américains ont dénoncé une persistance des inégalités de traitement de la part des autorités israéliennes. À Tel-Aviv, l’étudiante Daniela Stein s’en est au contraire félicitée : « Je connais des gens qui aimeraient prendre l’avion et voir le monde, alors cela leur ouvre des possibilités. L’Amérique est un endroit spécial que beaucoup de gens n’ont pas encore visité ».